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récit de la naissance d'un bébé victime d'un AVC
30 octobre 2012

jeudi 18 juin 2009

Le lendemain matin, on m'a ramené ma fille, j'ai redemandé un pédiatre, le Dr Mar. est venue l'ausculter pour la 3ème fois et a conclu que ma fille allait bien. L'après-midi, mon psychiatre est intervenu auprès de moi sur la demande du personnel de la maternité, car de leur avis, je n'allais pas bien et j'étais à l'origine de l'hyper activité de ma fille. J'ai eu peur. Peur que l'on me garde. J'ai écouté mon psychiatre et je n'ai pas cherché à le convaincre que je ne savais pas comment expliquer qu'au fond de moi, je sentais ma fille malade et que j'avais l'impression que le personnel en entier de la maternité s'était ligué contre moi et ne m'écoutait pas. J'ai accepté tout ce qu'il m'a dit, même de reprendre un traitement. Je sentais que si je n'obéissais pas, ils allaient me garder et que ma fille pouvait en mourrir. Un plan a germé en moi, je me suis dit que j'allais prendre tous les cachets qu'on me disait, et qu'une fois sortie de l'hôpital, je prendrais ma fille et on irait consulter un autre médecin, un autre hôpital. Au fond de moi, je pensais juste à survivre pour sauver ma fille. J'espèrais juste que ma fille vive assez longtemps pour aller voir un autre pédiatre.

Parce que j'avais très mal à la tête, une interne en anesthésie est venue me visiter afin de determiner  l'origine de mes migraines, si elles étaient la résultante de ma péridurale. Elle m'a posé quelques questions, ne s'est pas attardée et est repartie.

Le soir, une interne en pédiatrie, le Dr Nellie H. est venue dans ma chambre. J'ai été surprise de voir un médecin alors que j'avais un "plan" et que j'étais déterminée à m'y tenir. Avant d'ausculter ma fille, elle s'est tournée vers moi et m'a demandé de décrire ce que moi je voyais ; ce qui, selon moi, faisait que ma fille allait pas bien. Je lui ai décris, incrédule mais pleine d'espoir, les gestes que mon bébé répétaient sans arrêt : 2 minutes d'inertie et 2 minutes de mouvements "bizarres" que je lui ai mimé. Elle a ausculté mon enfant, a pris son téléphone pour appeler son chef de la réa néonat, le Dr Saïd Haf. pour lui annoncer qu'ils avaient une nouvelle entrée dès ce soir. Mon coeur a lâché, mes jambes ont tremblé et je me suis assise sur mon lit, la tête embourbée ; de ma bouche, plus aucun son ne sortait et une seule phrase tournait en boucle dans ma tête : "ayé, ils me croient !". J'étais effondrée, apeurée, mais plus que tout rassurée que ma fille soit enfin prise en charge. Elle est donc partie dans le service de réanimation néo-natale le soir-même.

Vers minuit, on a été autorisé à lui rendre visite en réa. Ils ont ouvert le rideau du box qui lui était réservé, et j'ai vu ma fille, branchée à un tas de fils et d'appareils qui faisaient "bip-bip". Pour la première depuis 2 jours, j'ai vu ma fille, calme, apaisée, endormie ! J'ai fondue en larmes et je l'ai dis aux médecins présents. Mes mots exactes étaient "Voilà, ça c'est ma fille ! Vous m'avez rendu ma fille !". La sensation que j'éprouvais était que je pouvais pour la première fois en deux jours me "connecter" à elle. Je me sentais mieux malgré tout les tubes et les IV qui étaient raccordés à elle.

Bien sûr, cela n'augurait rien de bon. Ils avaient été obligé de lui administrer une forte dose de Rivotril, un puissant anti-épileptique, elle était plongée dans une sorte de coma. Mais je ne puis expliquer pourquoi, d'un coup, je me sentais mieux. Le personnel qui nous entourait faisait preuve d'une grande empathie, des photos ont été prises de ma fille et imprimées dans la foulée pour qu'on puisse avoir toujours sur nous une représentation d'elle. Nous l'entourions, comme dans une scène biblique, ils nous expliquaient ce qui allait se passer dans les prochains jours, mais je ne pouvais pas décrocher mon regard d'elle. Je me suis retournée vers le chef, le Dr Haf. pour lui dire "ne cherchez pas trop loin, c'est son cerveau qui est touché". Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, quel instinct en moi parlait ? je n'ai pas fait d'études de médecine et c'était mon premier enfant. J'étais novice en tout et pourtant, ça sonnait comme une évidence. Le Dr Haf. ne s'est pas moqué de moi mais m'a assuré qu'ils chercheraient toutes les pistes pour expliquer l'état convulsif de ma fille.

Nous sommes restés un petit moment à l'entourer. Puis je suis retournée dans ma chambre. Nous avons encore beaucoup pleuré mon conjoint et moi et il est rentré pendant que je m'allongeais. Etrangement, cette nuit là, malgré les hoquets de mes sanglots qui secouaient ma poitrine, j'ai dormi.

 

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récit de la naissance d'un bébé victime d'un AVC
  • Voici le récit de la naissance et un peu de son histoire de mon bébé victime d'un AVC à la naissance. Un AVC pas si accidentel car il résulte de manquements de soins et d'un geste malheureux du médecin accoucheur.
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